Évènement – 2021 – Présentation Performée Laura Tinard – J’ai perdu mon roman dans la décapotable Caprice
Évènement – 2022 – Caroline Rivalan – Signature – Persona Muta
Christian Bernard
Récitation à Nice
Le vendredi 11 mars à 19h
Photo © I. Kalkkinnen
La Galerie Eva Vautier invite Christian Bernard pour une lecture de poèmes dans l’exposition de Natacha Lesueur, Plus jamais de cheveux collants (même par temps humide), le 11 mars 2022 à 19h.
Christian Bernard (né en 1950 à Strasbourg) est commissaire d’expositions. Après avoir enseigné les Lettres et la Philosophie en Alsace, il rejoint le ministère de la Culture en tant que Conseiller artistique à la Drac de Lyon (1982-1985). Il a par la suite dirigé la Villa Arson à Nice (1986-1994) avant de concevoir et de diriger le Mamco, Musée d’art moderne et contemporain de Genève (1991-2015). Il a été directeur artistique du Printemps de septembre à Toulouse en 2008, 2009, 2016, 2018 et 2021. En 2021, il assure également le commissariat de l’exposition retrospective de Natacha Lesueur, Comme un chien qui danse, à la Villa Medicis à Rome. En parallèle, il poursuit depuis des années une activité de poète (Petite Forme, éditions Sitaudis, 2012).
3. Ni loi
Trains de nuit disparus l’encrier
renverse la feuille où ils croisaient
sur les cendres des livres d’eau
sur l’eau des livres de bord
et des obituaires
noirs des fumées soufflées
sous les braises des lanternes
chinoises ou poissons de papier
Trains de fracas perdus
l’encre boit le soir coulé du stylo
lierres et pieuvres lâchés partout
pas de singe ni signe ni tricot
ni rien que du corpus
de mémoire boa constrictor
Christian Bernard, 17 juillet 2017,
Extrait de Catelles pour Freundlich, Lettre quarante-cinq, Walden n press, Trémas, 2017
EXTRAIT de l’interview avec Sylvain Thévoz, janvier 2015
Sylvain Thévoz : Comment êtes-vous venu à la poésie et comment y cheminez- vous ?
Christian Bernard : « C’est d’abord une question d’oreille, donc de voix, de chaleur de langue, de saveur du lexique, de rythme, de ritournelle, tôt venue pour moi quand, vers 5, 6 ans, je rejoignais mon père dans son lit le dimanche matin et qu’il me disait des poèmes. Heredia, Sully Prudhomme ou Brizeux, pour ceux dont je me souviens. Puis l’école : fierté et inquiétude des récitations. Encore les cymbales parnassiennes, bien sûr, mais surtout le génie de La Fontaine, l’époustouflant vertige des ellipses. Enfin, contre l’école, le gang des modernes, Rimbaud éclipsant les symbolistes, puis très vite Lautréamont et les surréalistes, la beat generation, Pound et Cummings. Parcours banal, mais accéléré. » Aujourd’hui, c’est naturellement plus complexe. Quelle que soit l’importance de la poésie US, la polarisation américaine des poètes français me fait songer à celle des artistes français de la fin des années 60 et des années 70. Une séquelle tardive du Plan Marshall ? Ne pas méconnaître les pratiques poétiques européennes, ni la polyphonie qui monte de la globalisation, salubre pluralité des langues et des mondes. Ne pas négliger la profondeur de champ historique de la poésie des langues latines. Et détricoter le récit moderne sans rien liquider de ce que nous continuerons de lui devoir, mais rouvrir le canon. Philippe Beck s’y emploie, par exemple. Cheminer en crabe ou en kangourou.