«Une profusion de pièces : découpages, dioramas clignotants, installations, volumes actionnés qui tournent et bougent… Le décor et son ornementation prend toute la place jusqu’à se découdre pour ne laisser que les fils de leurs textures, que les ossatures de leurs structures. Du papier peint, au tissu d’ameublement, le motif fleuri se décline en volume. Dessinées, gravées, découpées les scénettes et personnages deviennent des décors.
Spécialisée dans le costume de scène, Caroline Rivalan y a développé son intérêt pour le théâtre avant d’obtenir son DNSEP à l’école des Beaux Arts, la Villa Arson ; où elle a commencé à s’interroger sur la valeur symbolique du décor et à développer sa réflexion dans l’espace d’exposition.
Elle tire son inspiration des univers calfeutrés des salons bourgeois XIXeme où se profusion d’objets de peintures et de motifs rapportés des colonies. Les tentures, les drapés, lestapisseries, les peaux de bêtes, les miroirs…
Comme sur « Le mur » d’André Breton où ils retracent l’histoire du Surréalisme.
Chez Caroline Rivalan les objets s’accumulent s’associant les uns aux autres comme un alphabet. Influencée par le Surréalisme comme par les pérégrinations de Nadja dans les rues de Paris, c’est précisément ce basculement onirique que Caroline Rivalan recherche.
Le fil est celui qui lui permet de relier à travers ses rêveries corps et décors. Reproduisant les gestes des héroïnes de la Mythologie grecque, (Ariane déroulant son fil, Pénélope tissant, détissant et retissant, ect.) l’artiste déploie dans l’espace des accumulations, des installations.C’est aussi le fil qui la relie au travail de Louise Bourgeois. Elle s’y retrouve dans le vocabulaire lié au textile (fil, araignée, tapisserie) mais c’est du travail d’Annette Messager qu’elle se sent plus proche. On retrouve des gestes communs et l’utilisation de matériaux pauvres, là encore le fil.
Un fois le fil dénoué, le décors défait, le papier peint et le tissus d’ameublement et leurs motifs ont exprimé leurs formes.
Comme dans les « idéogrammes aériens » d’Henri Michaux où les tâches se réapproprient l’espace dans une forme littéraire à demi énoncée, l’association des figures créée l’espace.
On y retrouve l’intérêt de Caroline Rivalan pour le Surréalisme et les collections, les rencontres aussi incongrues de ces images belles comme « (…) la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » A.Breton.
Fidèle au « théâtre et son double » d’Antonin Artaud elle déconstruit le théâtre. Du décor décousu, du fil tiré, de la scénette aux éléments déconstruits, le théâtre est toujours présent. Un théâtre réinventé, un théâtre rêvé.»
C.B