Exposition « La vie est un film » Ben et ses invités au 109
Le samedi 19 Octobre 2019 à partir de 18h33
Le 109
89 route de Turin 06300 Nice
Mail [email protected]
Site Internet le109.nice.fr
Facebook le109nice
Contact expo 07 66 38 02 02
Horaires d’ouverture
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Entrée libre
Accès au 109
Bus : Lignes 4, 6, 16 et 89
Tramway : Arrêt Vauban puis correspondance bus 6 arrêt Abattoirs ou 10mn à pied Train : Gare de Riquier et gare de Pont Michel
Vélo Bleu : Station route de Turin et station boulevard Vérany
Parking gratuit
Communiqué de presse
Pour célébrer le centenaire des studios de la Victorine, la ville de Nice programme Nice 2019, L’odys-sée du cinéma, une année entière d’expositions et d’événements visant à valoriser l’histoire du cinéma et la production cinématographique actuelle à Nice. Le 109, sur le site des anciens abattoirs, route de Turin, est un lieu aux dimensions hors normes converti par la municipalité en pôle de création contemporaine.
Au sein de ce vivier artistique, la Ville de Nice et le collectif d’artistes La Station, avec le soutien d’Éva Vau- tier, invitent Ben Vautier pour une grande exposition d’été titrée : La vie est un film. Plus de 500 œuvres de Ben, retraçant 50 ans de création, seront installées dans la grande halle de plus de 2000 mètres carrés, qu’il a choisi de partager avec des invités, artistes, amis de longue date ou jeunes créateurs. Cet espace en per-pétuel mouvement accueillera production filmée, événements, performances et débats, si chers à l’artiste.
Figure artistique majeure de la seconde moitié du XXe siècle, Ben est connu pour ses actions et sespeintures. Sa production, à la fois réflexion philosophique et impertinente sur l’art, intègre notre quotidiendans ce qu’il a de plus particulier. L’éthnisme, l’ego ou la vérité constituent également des questionnements chers à son œuvre.
L’histoire de Ben et son art sont profondément ancrés dans le territoire niçois. Il a quatorze ans quand ils’installe à Nice avec sa mère. Dix ans plus tard, à la fin des années 50, il ouvre une boutique de disquesd’occasion, 32 rue Tonduti de L’Escarène. Rapidement, il en transforme la façade en accumulant quantité d’objets. Le Magasin de Ben est né. Ce lieu de rencontres et d’expositions devient le rendez-vous des prin- cipaux artistes de l’École de Nice : Ben est convaincu que « l’art doit être nouveau et apporter un choc ».Dès 1959, il réalise de nombreuses performances, dont « Je signe la vie » ou « Regardez-moi cela suffit »sur la Promenade des Anglais. En 1963, il invite George Macunias à Nice pour le premier Festival Mondial Fluxus et Art Total en France. Acteur historique de ce mouvement, à cette occasion, Ben signe Nice « œuvre d’art ouverte » sur le Mont Alban.
Lorsque le Magasin de Ben intègre la Collection Permanente du Centre Georges-Pompidou en 1975, il transfère ses activités chez lui, sur la colline de Saint-Pancrace. Ben poursuit l’organisation d’expositions avec notamment Supports/Surfaces, la Figuration Libre et lance les premiers débats Pour ou contre.
Très impliqué dans la scène contemporaine, Ben soutient depuis toujours de jeunes artistes, encourage lesrencontres, et donne son point de vue sur l’actualité, au départpar des tracts, des affiches et journaux, au- jourd’hui par des newsletters riches et régulières.
L’événement Nice 2019 : L’odyssée du cinéma, résonne aussi comme un appel à l’importante pro-duction iconographique de Ben. Caméra au poing depuis 60 ans, il a constitué un fonds filmique considé- rable, suivant l’évolution des techniques, leurs supports et leurs usages. Aux terrasses de cafés ou lors d’évé-nements artistiques, il capte des moments, interpelle de nombreux anonymes et artistes qu’il convoque surl’instant.
Plusieurs événements seront organisés pendant la durée de l’exposition avec des projections de cinéma en plein air, des performances, des ateliers et des concerts. Moment phare de cette exposition, la soirée du ver- nissage sera également le lancement de la saison 3 d’Éclairage Public, un week-end jalonné de rendez-vous créatifs et conviviaux réunissant toutes les pratiques des acteurs artistiques et culturels implantés au 109. Les concerts qui feront suite au vernissage, le vendredi 14 juin, rassembleront des artistes d’expressions niçoiseet occitane, Nux Vomica et Mossu T & Papet J (Massilia Sound System), témoins vivants et festifs des cultures régionales, autre sujet fondamental dans la réflexion de Ben. Placé au centre d’une rétrospective ambitieuseet panoramique sur la création à Nice, c’est un Ben libre comme il l’a toujours été, et foisonnant d’idées qui fera son cinéma total.
Exposition
Ben – Parcours historique
L’exposition s’ouvre par une partie historique présentant une sélection d’œuvres clés de Ben des années 1958 à 1978. Ces témoignages retracent la quête d’un langage formel personnel qui mène aux premièresécritures. Au départ simples signalétiques, les affiches produites dans son magasin lancent des appels auxréunions, rencontres et échanges. Épine dorsale de la communauté artistique à Nice, le Magasin de Ben devient la source d’expérimentation, de gestes et d’actions, au même titre que la Promenade des Anglais, la rue et les bistrots. Il entame ainsi des actions de rue, dans la lignée du mouvement Fluxus, qu’il importe en France et dont il devient l’un des grands protagonistes.
À la fin des années 50, Ben signe tout, s’appropriant ainsi, par ses images et ses actions, le monde comme un tout. Pour illustrer ces années, des documents de l’époque sont présentés : affiches, archivesphotographiques et vidéos.
Recherche des formes / bananes et premières écritures (1955-1967)
Lorsque Ben débute sa carrière artistique, au milieu des années 1950, il se frotte à toutes les théories et pratiques dans le but premier de trouver un langage formel personnel, d’inventer quelque chose d’inédit, au-delà du répertoire existant. Dès 1955, il retient la forme, à la fois abstraite et phallique, de la banane, qu’il déclare aussitôt comme sa création personnelle et réalise toute une série de dessins, sur différents supports, à l’encre de Chine sur papier.
À partir de 1958, Ben découvre le potentiel des écritures. Au départ dans son magasin de disques d’occasion, celles-ci sont à la fois des informations destinées aux visiteurs et des écrits publicitaires, comme « Le Bon Lait », ou même des marques, telles que Coca-Cola. Les panneaux d’information sont alors faits de bois et écrits à la peinture à l’huile. Plus tard, il développe sa propre technique, en écrivant directement sur latoile, avec une pipette remplie de peinture acrylique, traçant une nouvelle calligraphie distinctive. Le signifié prend le dessus sur le signifiant.
Le Magasin (1958-1973)
Le Magasin, œuvre de Ben conservée actuellement au Centre Georges-Pompidou, reflète la vitalité dece magasin de disques qui faisait aussi fonction de point de rencontre pour la scène artistique niçoise, degalerie, de lieu d’exposition et de manifestation pour tous types de performances.
Dans les années 1950, le magasin de Ben est non seulement l’espace artistique le plus vivant de la ville mais aussi la galerie offrant l’éventail le plus large d’expressions artistiques. La programmation de Ben est ouverte aux nouveautés et expérimentions, ancrée sur un réseau régional d’artistes. Le magasin de Ben est l’un des lieux porteur de l’Ecole de Nice et à partir de 1963, le point de départ de nombreuses actions Fluxus, dont il devient le quartier général.
À cette époque déjà, Ben s’intéresse à la théorie de l’ethnisme de François Fontan dont il sera l’un des disciples les plus fervents. C’est encore une fois au Magasin que se retrouve le mouvement engagé notamment en faveur des minorités linguistiques et culturelles – une question qui, pour Ben, n’a en rien perdu de son actualité.
Fluxus
En 1962 à Londres, pendant le Festival of Misfits, Ben rencontre Georges Maciunas, fondateur et personnage central de Fluxus. Plus qu’un mouvement, Fluxus est un état d’esprit, un espace de partage, d’amitié, dans lequel vont se reconnaître des dizaines d’artistes de toutes nationalités. Ils proposent un art total expérimental qui réunit de multiples langages artistiques par leur volonté d’abolir le fossé entre l’art et la vie.
Invité au Festival par Daniel Spoerri, Ben s’expose comme sculpture vivante pendant 15 jours et nuits dans la vitrine de laGallery One. L’année suivante, dans le prolongement de cettecollaboration, Ben organise à Nice la dernière étape d’une tournée européenne, un Festival Mondial Fluxus et Art Total. Il fonde par la suite un groupe niçois, le Théâtre d’Art Total, déclarant que le théâtre n’est pas sur scène, mais dans la rue, dans la vie.
Les actions de ce groupe se déroulent sur la Promenade des Anglais et un concert est organisé dans le salon de l’Hôtel Scribe. Au Théâtre de l’Artistique, Ben, Maciunas, Erébo et Serge III jouent des pièces Fluxus, dont Paper Piece de Ben Patterson etDuo for Violin de La Monte Young.
Pour Ben, « tout est art » et il continue de faire vivre l’esprit Fluxus au travers de ses œuvres.
Gestes et actions de rue (1958-1972)
En 1973, plus de soixante de ces actions ont été représentées et matérialisées dans une série de tableauxdescriptifs, tels des fiches techniques d’archives. Représentation de ces gestes, en mots et en images, ilsrépertorient a posteriori les actions dans un ensemble cohérent daté de 1958 à 1972.
Le sens des Gestes se résume en un seul : Regardez-moi cela suffit (1963-1965), comme on peut lire sur lapancarte avec laquelle Ben s’est exposé sur la Promenade des Anglais à Nice.
Ben – Parcours contemporain
Au travers d’une succession de thématiques, de ses Petites idées jusqu’aux Nouvelles écritures, en passant par les Miroirs, la Photographie, le Temps ou la Mort, Ben propose une lecture contemporaine de son œuvre. Il poursuit son introspection dans un parcours à travers lequel le visiteur est invité à son tour à s’interroger sur sa condition, son temps, sa société. Chaque nouveau mot, chaque nouveau geste participe d’une quête de sens et de vérité.
La signature (1958 – 2019)
«Il n’y a pas d’art sans signature. On ne peut rentrer dans l’histoire de l’art sans signature et sans date. Lesœuvres dites collectives n’existent pas. Il y a toujours un détective pour chercher à savoir qui l’a faite etquand. Même pour les grottes de Lascaux on commence à traquer la personnalité de l’artiste et on cherche sa signature. Je me suis dit alors que si l’art n’était qu’une question de signature pourquoi ne pas faire un tableau avec juste ma signature ; exposé à partir de 1958, un peu partout.»
Les cageots (1960 – 2015)
«Il y a le grand art, qui est dans les musées et puis dans la rue, il y a le marché aux légumes. Et dans le marché aux légumes, il y a la vie de tous les jours et au musée, il y a l’artiste qui dit : “J’aimerais exposer lavie de tous les jours”. Alors j’ai écrit sur des cageots des phrases entendues au marché.
J’aime aussi le cageot parce que c’est un support gratuit que l’on trouve jeté par centaines au marché. C’est mon petit côté radin.»
Le temps (1961 – 2019)
«Certains pensent que l’argent est très important. D’autres que c’est la santé. Moi je pense comme John Cage l’a dit une fois : l’important c’est l’emploi du temps. Un milliardaire, le dictateur, le clochard emploient chacun le temps différemment, mais n’ont que 24 heures dans une journée. Et c’est l’usage qu’ils font de ces 24 heures qui est important. Le temps est un thème que j’ai commencé à travailler à partir de 1976, bien que j’aie signé le temps en 1960.»
Le collectionneur pauvre (1989 – 2015)
«J’ai insisté pour que cet espace existe parce que quand je vais chez l’Abbé Pierre et que je vois un tableau qui ressemble à du Gauguin, à du Picasso, à n’importe quel autre artiste, je le prends parce que ça colle à monhistoire de l’art parce que dans l’histoire de l’art, c’est le style qui compte et le style c’est la répétition.»
Portraits
«Je vois toujours deux têtes partout. Vous me montrez une casserole j’y vois une tête, deux chaussures parterre, je vois une tête, c’est même devenu un problème pour moi de ne pas les voir. Je me rappelle que mamère disait : “Le petit fait des portraits très ressemblants”. C’est pas vrai. Néanmoins, aujourd’hui je me senslibre de faire des têtes. Le jour du vernissage je réaliserai mon autoportrait à 19h30.»
Section cinéma
Caméra au poing Ben a constitué un fonds filmique considérable sur une période de soixante ans dans lequel apparaissent anonymes et artistes, dans des situations courantes telles qu’à la terrasse d’un café, lorsde vernissages ou de happenings.
Sont présentés ses premiers films archivant dès les années 60 ses actions de rue, ses films conceptuels etégalement ses dernières créations.
Le premier film : CANNES VILLE 1963
Pendant le Festival de Cannes en 1963, Ben pose desaffiches sur les murs de la ville :
Ben créateur de l’art total présente et signe, dans lecadre du Festival son film extraordinaire CANNESVILLE 1963.
Pour faire ce film, proposé à Georges Maciunas, Ben devait louer une salle de cinéma ; annoncer un filmd’avant garde ; il aurait installé ses caméras, trois si possible, cachées dernière l’écran ou sur les côtés, dansles rideaux. Ces caméras auraient filmé la salle vide, puis le public entrant s’assoir, le public s’impatientant de ne pas voir le film commencer, le public, furieux ou pas, demandant de se faire rembourser, quittant la salle peu à peu ; la dernière image du film et la première étant la salle vide.
LE NON FILM (2003)
Ce film expérimental traite de la recherche de la vérité, de la vie, de l’égo et en général de ce qu’est faireun film vrai. Il révèle le fonctionnement de sa réflexion dans la réalisation de son œuvre, l’ambiance et laprésence de son entourage en une succession de séquences drôles, sensibles, provocatrices et intimes.
Artistes invités
Comme il a toujours tenu à le faire, Ben invite des artistes, historiques ou émergents, reconnus localement ou internationalement, connaissances récentes ou amis de longue date, rencontrés au gré de ses activités. Il leur propose un espace dans la halle pour présenter leurs œuvres, projections, performances ou poésies.
Antaki, Arman, Hélios Azoulay, Michel Batlle, Ruy Blas, Robert Bozzi, BP, Jean-Pierre Bruno, John Cage, Denis Castagnou, Denis Castellas, Jacques Charlier, Giuseppe Chiari, Albert Chubac, Philip Corner,Béatrice Cussol, Daniel Daligand, Raymond Denis, Charles Dreyfus, Marcel Duchamp, Joël Ducorroy, Robert Erébo, Robert Filliou, Gregory Forstner, Joëlle Gainon, Alexandra Guillot, François Guinochet, Jacques Halbert, Max Horde, Isidore Isou, Pascal Josse, Konny, Maurice Lemaître, Jacques Lizène, Serge Maccaferri, Jonier Marin, MissTic, Olivier Mosset, Bernard Pagès, Francois Paris, Philippe Parreno, Bruno Pélassy, Présence Panchounette, Philippe Perrin, Jacques Pineau, Nicolas Privé, Maxime Puglisi, Jonhson Ray, Robert Roux, Serge III, Bernard Taride, Cédric Teisseire, Bernard Venet, Jean-Luc Verna, Ultra Violet ….
Ben a toujours favorisé les rencontres, les confrontations, les débats et la création. À partir de 1965, dans la mezzanine de son magasin, la galerie Ben doute de tout, il expose tous les artistes qui l’intéressent : Boltanski, Sarkis, La Monte Young, Alocco, Venet … En 1972, il ouvre La fenêtre, où il présente l’avant- garde niçoise. En 1975, il organise chez lui à Saint-Pancrace les Pour ou contre, au cours desquels il anime des débats et expose notamment Supports/Surfaces, Figuration Libre, Fluxus, Arman, Daniel Spoerri, Gilli et Serge III. En 1999, il ouvre consécutivement à Nice le Centre du Monde, rue du Lycée, suivi en 2011 parl’Espace à débattre, rue Vernier, et en 2017 Le César, dans le Vieux-Nice.
Il est aussi à l’origine de grandes expositions collectives. En 1977, À propos de Nice représente l’ensemble de la nouvelle création artistique niçoise pour l’ouverture du Centre Georges-Pompidou à Paris. En 1983, il organise une exposition de la jeune création du sud sur les quais de l’ancienne Gare des Chemins de fer de Provence, Un artiste peut en cacher un autre. En 2003, Fluxus Nice rassemble le mouvement Fluxus international et français dans différents lieux avec du théâtre, des expositions, performances, conférences et concerts. Il récidive en 2006 avec Le tas d’esprits à Paris, rue de Seine. En 2016, c’est le Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives qui reçoit ses invités.
Section débats
En 1958, un jour, sur la Promenade des Anglais à Nice, Ben rencontre François Fontan. Aimant tous deux la discussion et les débats, ils se retrouvent tous les soirs pour discuter vie, sexe, peuples, politique internationale, cultures, langues, ethnies. Tous sont bienvenus pour participer aux discussions. On parle desidées de Wilhelm Reich, de Marx, de Freud, etc. La position de François Fontan : l’avenir politique du monden’est pas dans l’uniformité mais dans la diversité.
En 1974, s’animent à l’occasion des Pour ou contre les premiers débats à Saint-Pancrace, sur la pelousechez Malabar et Cunégonde. Il y a un micro, une grande table, un buffet et on discute jusqu’à tard dans lanuit. Certains viennent pour la prise de parole, d’autres pour les merguez. Parmi ces Pour ou contre, on sesouvient du Tas d’Arman, de la discussion avec Combas et Di Rosa, de l’exposition d’Olivier Mosset et son arrivée bruyante avec 80 motards de la Bastille et des prises de bec entre Martine Doytier et Noël Dolla.Cultivant cette tradition, Ben aménage dans la grande Halle du 109, un espace avec plusieurs canapés, des tapis au sol, une table pour poser des verres, un grand tableau blanc avec des feutres, un micro, de la musique, des livres et quand il sera là, il lancera un débat et invitera le public à participer.
Section performances
À l’occasion de cette exposition, Ben installe un ring de boxe, comme il l’avait fait en 1972 lors de sonexposition à la Documenta 5 à Kassel en Allemagne. C’est sur ce ring que Joseph Beuys, dans le cadre d’uneAction d’adieu, avait alors participé à un combat de boxe avec l’étudiant en art Abraham David Christian. En 2012, pour les 50 ans du mouvement Fluxus, Eric Mangion, directeur du centre d’art de la Villa Arson, invite Ben qui renouvelle l’installation, et organise des performances sur ce ring pour l’exposition Ben signe Nice. Les artistes se succèdent en rounds de 3 minutes 33 secondes, temps imposé pour exécuter leurperformance. S’y succèdent joyeusement de la danse, de l’expression corporelle, de la musique, du théâtre, des défilés et bien sûr des pièces Fluxus. Chaque action, réalisée en public, est filmée puis transmise endifféré sur un écran placé au centre de l’installation. Les performances ont eu lieu durant plusieurs semaines, chaque mercredi, à 18 heures 33. Ben se présente en chef d’orchestre et arbitre, retrouvant ainsi les bases du mouvement Fluxus.
En 2013, avec la ville de Blois, Ben ouvre la Fondation du Doute. Le ring devient un espace pour le Combatd’idées, pour l’exposition inaugurale de ce nouveau centre d’art qui présente une collection de plus de 300 œuvres Fluxus.
Ce ring revient dans la grande Halle, au cœur de l’espace, autour d’un programme de performances, plaçant ainsi l’expression et les idées au centre de la vie de l’exposition, dans la tradition de Fluxus qui clame que l’art c’est la vie.
Biographie
Ben est l’un des artistes majeurs du XXe siècle connu pour ses actions et ses peintures. Sa production,à la fois réflexion sur l’art dans ce qu’il a de plus fondamental et intégrant notre quotidien dans ce qu’il a deplus particulier, réussit à faire de la vie un art. Sont ainsi entrés dans son œuvre des univers aussi éloignés duchamp artistique que l’ethnisme, l’ego ou la vérité. Ben bénéficie d’une incroyable popularité grâce à sesécritures, qui allient la plus grande impertinence et la plus grande justesse.
Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est un artiste français d’origine suisse. Né le 18 juillet 1935 à Naples,de mère irlandaise et occitane, et de père suisse francophone, il est le petit-fils de Marc Louis BenjaminVautier, peintre suisse du XIXe siècle. Il vit ses cinq premières années à Naples. Après la déclaration de guerre,en 1939, Ben et sa mère vont multiplier les voyages : Suisse, Turquie, Égypte, Italie, pour enfin s’installer àNice en 1949. Il étudie à l’école du Parc-Impérial et à la pension du collège Stanislas. Sa mère lui trouve un travail à la librairie Le Nain Bleu en tant que garçon de course, puis lui achète une librairie-papeterie.
À la fin des années 1950, il la vend pour ouvrir une petite boutique, dont il transforme la façade en accumulant quantité d’objets et dans laquelle il vend des disques d’occasion. Rapidement, sa boutique devient unlieu de rencontres et d’expositions où se retrouvent les principaux membres de ce qui deviendra l’Ecolede Nice : César, Arman, Martial Raysse, etc. Proche d’Yves Klein et séduit par le Nouveau Réalisme, il estconvaincu que « l’art doit être nouveau et apporter un choc ». Au début des années 1960, commence le jeu des Appropriations. La règle établie par Yves Klein visait à s’approprier et signer le monde en tant qu’œuvre d’art sans jamais copier et en étant toujours le premier. Duchamp avait les chiffons, Christo les emballages, Arman les Accumulations, Klein le Monochrome, Ben va signer tout ce qui ne l’a pas été : les trous, les boîtesmystérieuses, Nice, les coups de pied, Dieu, les poules, etc., reliant l’art et la vie, expliquant que tout est artet que tout est possible en art. Essentiellement, Ben est un artiste conceptuel, un artiste de l’idée. C’est un provocateur, un railleur, un iconoclaste, il est inclassable.
« Les Gestes de Ben, qu’il a commencé à effectuerà la fin des années 1950, ont maintenant leur placeau panthéon de la performance. Ses Ecritures sont des œuvres radicales, révolutionnaires. Ses travaux sur les attitudes et les conditions sociales révèlent un grand humanisme. Ben a une énergieintarissable, qui produit un flux d’informations,d’opinions, de livres, d’essais et de documents Internet. Il n’est pas l’artiste cliché enfermé dans sa tour d’ivoire mais plutôt un artiste de la rue. » Jon Hendricks, 2010.
Ben vit et travaille depuis 1975 sur les hauteurs de Saint-Pancrace, colline niçoise. Ses oeuvres sont présentes dans les plus grandes collections privées et publiques du monde, notamment au Museum of Modern Art de New York, au WalkerArt Center de Minneapolis, à l’Art Gallery of New South Wales de Sydney, au Museum ModernerKunst Stiftung Ludwig de Vienne, au MUHKA d’Anvers, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au musée de Solothurn, au Centre Georges- Pompidou et au Musée National d’Art Moderne de Paris, ainsi qu’au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice.
Ben, par Bernard Blistène
Directeur du Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou
L’époque est amnésique. Elle célèbre à l’envi celles et ceux qui « performent », manière de laissercroire qu’ils déjouent le système. Plus une exposition sans présence du corps. Plus un projet sans unedimension pluridisciplinaire. Plus une manifestation sans réconciliation des contraires. L’art est partout et chaque rendez-vous est là pour le prouver.
Le dissensus s’abime dans des représentations complaisantes. On met en scène les malheurs du monde avec l’idée d’en être les témoins et les accusateurs. La bonne conscience fait son travail et le tour est joué.
Ben Vautier voit le monde autrement. Soixante ans qu’il nous apostrophe et nous renvoie à nosvanités vaines. Soixante ans qu’il s’escrime et s’exprime, se démène et s’enflamme dans un pêle-mêle mêlant le tragique et la farce, la souffrance et la joie, le pour et le contre. Eloge de la difficulté d’être soi,autocritique de l’égo, aphorismes en tout genre. Ben est là, entre vérité et mensonge, entre impertinence et sagesse. Ben est un artiste nécessaire.
De la fin des années 1950 à aujourd’hui, Ben met en scène et se met en scène au cœur d’un monde dont il ne finit jamais de dire qu’il l’effraie et l’amuse. Ben vocifère et tempête. Il écrit et il apostrophe. Il gesticuleet parle fort. Il est savant et populaire. Ben est sans doute l’un des plus extraordinaires animaux humainsqu’il m’ait été donné de côtoyer.
De tout cela, de ce combat quotidien contre lui-même et le temps qui ne cesse de filer, Ben fait uneœuvre à nulle autre pareille, une œuvre reconnaissable entre toutes. Familière et inventive. Une œuvre qui lui ressemble et dans laquelle tout un chacun, un jour dans sa vie, s’est reconnu et retrouvé. Nous avons tous en nous quelque chose de Ben Vautier, tant Ben Vautier nous dit quelque chose de nous-mêmes, de notre misère et de nos joies, de nos peurs et de nos vanités, de nos désirs et de nos échecs. Bref, Ben est à lui seul l’homme à la recherche de la vérité, sans doute un moraliste. Jamais un moralisateur.
Il faut toujours et encore regarder l’œuvre de Ben. Il faut en suivre le cours et les métamorphoses. Il faut le voir chercher à construire son langage. « Je dessinais des formes que je jetais si je retrouvais leur sourced’influence », écrit-il au sujet de ses premiers travaux. Il faut l’entendre chercher « un début de personnalité »lorsqu’apparait en 1957, la forme de la Banane. Et puis, viennent les Lignes, les Tâches, les Sculptures d’Objets, les Objets suspendus, le Vomis, le Déséquilibre, les Trous, les Sculptures vivantes, le Manque et le Tout… Le Tout comme la recherche de la réalité en sa totalité, le Tout pour que rien ne lui échappe. Entreleurre et maitrise. Sans doute une superbe définition de la création.
Car Ben est un créateur. Le mot semble galvaudé et lui va bien. Un créateur qui expose, signe et vend Dieu, son rival, à n’importe quel prix. Un créateur qui court et rend justice aux Terrains vagues. Un créateur qui donne forme aux mots et invente, comme le dit son copain Jon Hendricks à l’occasion du Strip-tease intégral de Ben, une peinture-mot. Et puis, il y a les Gestes qui, au-delà des Actions – ou « Aktion », si vous voulez faire germanique et savant – au-delà des « Performances » et autres « Happenings », des « Events »de George Brecht avec lesquels ils entretiennent une tendre affinité, sont l’expression même de la vie danstous ses états, du corps dans toutes ses manifestations : « Me cogner la tête contre un mur », « Cracher »,« Cirer les chaussures des autres », « Creuser un trou et vendre de la terre », « Uriner », « Rentrer dans l’eautout habillé avec un parapluie », « Me peindre », « Me battre »… J’en passe et des meilleurs. Tout dire, tout faire, ne jamais s’interrompre, ne pas connaitre le repos. Le corps, son corps, le mien, le vôtre dans tous ses états pour ne jamais cesser de lutter contre l’inéluctable. Ben, jamais hors-jeu. Ben, « notre contemporain », dans l’urgence absolue d’être et de laisser des traces. Pour ne jamais disparaître.
Bernard Blistène, 2018
Le 109
Pôle de cultures contemporaines
La ville de Nice a engagé, dès 2008, un projet de reconversion des 18 000 m2 de ses anciensabattoirs en un pôle de cultures contemporaines, contribuant au rayonnement culturel de la cité. Répondant à un réel besoin de se doter d’un outil de recherche et de création, cette mutation a commencépar l’installation dans une partie du site d’un collectif d’artistes – La Station, association défendant l’art contemporain par la production et l’exposition.
Dans le même temps, la ville a mis en place une mission de réflexion intitulée Chantier Sang Neuf,afin d’élargir ce processus de mutation à tout le site et à toutes les expressions artistiques ; réflexion concrétisée par la création de la Grande Halle (un espace de 2000 m2), du Frigo 16, de la Table Ronde ;tous ces espaces pouvant recevoir diverses programmations autour des musiques actuelles, d’expositions, de conférences et débats. Cette forme expérimentale du projet s’est déroulée jusqu’en 2015 par diverses actions de productions, de résidences (avec notamment La Compagnie Antipodes) et de manifestationstemporaires.
Depuis 2016, après des travaux significatifs de transformation de ses locaux, le 109 commence une nouvellevie permettant l’accueil d’autres acteurs majeurs de la vie culturelle niçoise. Le projet entre dans une deuxième phase de consolidation de ses objectifs par l’installation de 29 ateliers municipaux de plasticiens ; du Forum d’Urbanisme et d’Architecture ; de l’Entre-Pont, une fédération d’une trentaine d’associations de spectacles vivants ; de la compagnie de danse Antipodes ; de Botox(s), réseau d’art contemporain Alpeset Riviera ; du SACA, Syndicat des Architectes de la Côte d’Azur. Avec l’énergie produite par ses multiplesoccurrences, le 109 tend à conforter son rôle d’authentique vivier de création.
Dans sa nouvelle configuration, Le 109 se positionne comme une interface essentielle à la création contemporaine dans le paysage culturel local, national et international par un travail de coordination desactions menées par les protagonistes du site mais surtout par une programmation riche, diverse et ambitieuseen son sein tournée vers différentes typologies des problématiques culturelles, artistiques et sociétales denotre époque.
le109.nice.fr www.facebook.com/le109nice/
La Station
La Station a pour principal objectif de soutenir et de diffuser la vie culturelle et artistique contemporaineà Nice par tous les moyens et dans toutes les formes que celle-ci revêt.
Fondée à Nice en 1996, l’association Starter pilote le projet de La Station. La particularité de cette association est de faire cohabiter – à son origine dans une ancienne station service en centre ville – des espaces d’exposition ouverts au public et des ateliers de production.
La Station participe à ce phénomène, paru en Europe dans les années 90, comme une alternative dans la diffusion et la production artistique, par l’émergence de centres d’artistes auto-gérés appelés aussi ArtistRun Spaces.
La Station s’est donnée pour vocation de mettre en valeur la production artistique qui se fait dans cette ville, et attirer d’ailleurs, de France et d’Europe, des pratiques très contemporaines de l’art. Elle a pour but notamment d’aider les artistes et de participer au développement, à la promotion et à la diffusion de leurs activités.
C’est dans une volonté de proposer un maillon supplémentaire reliant au plus près les artistes, les institutions, les centres d’art, les galeries et le public, que La Station trouve sa pertinence, en tentant d’apporter une valeur ajoutée à un panorama culturel existant.
En octobre 2009, La Station s’est installée dans la Halle sud des anciens entrepôts frigorifiques mis à disposition par la Ville de Nice appelé désormais Le 109. Ces locaux rénovés ont une superficie de 1 000 m2 et sont partagés en espaces d’exposition ouverts au public et en ateliers. Une douzaine d’artistes y travaillentet participent à la vie, à l’organisation et au maintien d’une telle entreprise, par une mise en commun des compétences.
Des expositions, des performances sont proposées au public, ainsi que certains événements plus particuliers : lectures, séances d’écoute, concerts, projections vidéos, conférences …
Outre sa programmation intra muros, La Station a acquis au fil des années une audience nationale eteuropéenne grâce à des expositions organisées dans diverses villes à l’étranger.
www.lastation.org www.facebook.com/lastationstarter/