Ingrid Luche
Ingrid Luche développe un travail de sculpture et d’installation portant sur la perception de l’espace retouché par la mémoire. De l’enquête à la réinvention de formes propices à la citation de ses sources, ses œuvres convoquent ouvertement celles des artistes qui nourrissent ses projets. Espaces architecturaux, aériens ou interplanétaires trouvent alors un écho dans des médiums qui nous sont familiers.
Les Chinoiseries sont des peintures réalisées sur des planches agglomérées et stratifiées bon marché, déformées par l’humidité, ici celle d’une table Ikéa. Son support, témoin d’une économie de l’import-export dialogue avec une circulation mondialisée des images, identifiables et catégorisantes.
De manière générale, les images qu’Ingrid Luche peint dans les chinoiseries sont issues de photographies prises dans différents contextes et qui font écho à une écriture picturale déjà vue : le fantasme teinté de mélancolie dans l’architecture d’un radiotélescope (photographié à Nançay), l’exotisme de poissons orientaux dans le bassin d’un jardin exotique (à Madère), l’idée du réconfort porté par un feu de cheminée (chez ses parents), l’identité coloniale exotisant les architectures du zoo de Tiergarten (à Berlin), la floraison sauvage comme motif décoratif envahissant le tableau (où le confinement sied au Bois de Vincennes).
Cette série s’inscrit dans un projet plus vaste et polymorphe, Dévoré. À travers ce, elle mène une recherche sculpturale opérant par détournements et appropriations d’objets et de formes issues de la culture populaire ou/et scientifique (productions artisanales singulières, prélèvement de signes notamment dans le domaine des transports en commun, manipulations d’images numériques, interprétations d’images martiennes, formes-hommages, systèmes de codes etc.).
« Je m’intéresse aux liens qui se tissent entre la culture artistique et l’économie des images et des objets attachés à un contexte, un territoire d’origine, et affectés par leur circulation et les technologies de réseau. Ou comment la déformation de nos perceptions sensibles témoigne-t-elle des nouvelles formes de nos modes de vies et de consommation ? »
a rose is a petunia is a mimosa – 14.06.2022 / 10.09.2022
© Vues d’exposition François Fernandez