Béatrice Lussol
Née en 1970 à Toulouse, Béatrice Lussol est une dessinatrice, artiste peintre et écrivaine française.
Diplômée de l’école des beaux-arts de Nice, elle réside et travaille à Paris tout en donnant des cours à l’école supérieure d’art de Rouen et en exposant ses créations. Elle fait son entrée en littérature en 2000, dans la collection « Le Rayon », dirigée par Guillaume Dustan. De 2009 à 2010, elle est pensionnaire de la Villa Médicis.
Béatrice Lussol travaille obsessionnellement la forme vulvaire, démultipliée, devenant paysages en vibration, théâtres de détails féériques. Elle pratique le collage, l’écriture, la peinture ou le dessin, une question de terminologie peu importante; utilise l’aquarelle, ce soit-disant médium du loisir – des peintres du dimanche, etc. – au profit d’une œuvre qu’elle accepte que l’on qualifie d’engagée et féministe; elle use de la douceur rosée de l’aquarelle, de sa qualité de mouillé, celle des muqueuses et des chairs, explicite, volatile, profonde, légère et orientée, donnant pour résultats fictions ou organes tordus drôles et/ou inquiétants, abris d’éléments nutritifs et énergiques, jusqu’à son émiettement, par fragments, en abstraction relative.
Les lignes enserrent les formes, elles enferment la couleur, prolifèrent en ondes, comme pour stratigraphier l’épaisseur des chairs, dire les métamorphoses creusées de grottes et traversées de plis. Les vulves oscillent à l’infini, s’ouvrent et s’éboulent comme glissements de terrains, leurs peaux font vibrer une sorte de chaos doux, nouveau. La fluidité de l’aquarelle se charge de résidus impurs à partir d’eaux croupies issues de fonds poussiéreux de tasses de thés, lorsque la flaque de peinture sèche, elle tire le papier et le trait, et les dépôts légèrement sales génèrent des craquèlements : de l’accidentel organique, qu’elle prétend maîtriser. Dans ses dessins, aucun hors-champ ou horizon n’existe, rien qui signifie que la forme s’ancre dans un espace tangible, reconnu, car iel s’agit d’un autre espace, libérateur.