CIAC | Château de Carros
Sous nos pas, les rivières
Exposition en cours
Du 8 février au 15 juin 2025
Vernissage le samedi 8 février à 11h
Dans un esprit de partage et de dialogue artistique, le CIAC de Carros a invité Eva Vautier, directrice de la galerie éponyme, à collaborer sur une exposition inédite : « Sous nos pas les rivières ».
Celle-ci met en regard les œuvres des artistes de la collection du CIAC et celles des artistes représentés ou invités par la galerie Eva Vautier. Cette initiative s’inscrit naturellement sur le territoire de Carros, porte d’entrée du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur qui constitue un réservoir de biodiversité protégé et où, comme partout ailleurs dans le monde, les interrelations entre l'humain et son environnement sont plus que jamais questionnées.
Au moment où se prépare la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, les œuvres présentées, issues de démarches poétiques, radicales et souvent engagées, témoignent des enjeux liés au « prendre soin » de la nature et du vivant et ouvrent de nombreuses pistes de réflexion pour penser l'art et notre engagement personnel et collectif dans le monde d'aujourd'hui pour un monde vivable pour demain.

Entre le ciel et la terre se trouve l'eau
Eva Vautier, co-commissaire de l'exposition
Situé au sommet du village médiéval de Carros, le château du XIIe siècle abritant le CIAC surplombe la vallée du Var. Accessible par des ruelles pavées bordées de paysages préservés, ce site unique invite les visiteurs à une marche contemplative. Le cheminement vers l’exposition devient une expérience immersive : la vue sur la rivière et l’effort de gravir cette hauteur renforcent notre lien vital avec le vivant.
L'eau est bien plus qu'un simple élément naturel : elle est essentielle à toute forme de vie et à la pérennité des systèmes écologiques. Sa préservation est cruciale pour l'avenir de notre planète. L'océan, surnommé "poumon de la planète", produit une grande partie de l'oxygène que nous respirons grâce au plancton et régule le climat, avec ses courants contribuant à l'équilibre terrestre.
Les œuvres — peintures, sculptures, photographies, installations sonores et performances — questionnent notre relation à l’eau, symbole d’une régénération incessante. Les artistes expriment cette vitalité à travers des créations où elle devient le symbole d'une recherche incessante, de la biodiversité. Les écosystèmes de l’eau, encore méconnus, deviennent un matériau pour les artistes, parfois en s'appuyant sur la science, parfois en explorant leur histoire. Tous travaillent sur le monde et ses transformations.
L’exposition s'étend sur trois étages du château, chaque niveau offrant un espace de réflexion différent.
Au rez-de-chaussée, le visiteur est invité, dans une atmosphère intime et introspective, à renouer avec un lien archaïque à la terre à travers des installations évoquant les grottes où résonnent le chant des chauves-souris, habitantes discrètes de ces lieux indispensables à l’équilibre souterrain. À ce niveau, une œuvre traversant l’escalier, représentant le flux de l’eau, est visible à chaque étage sous des angles différents, jouant avec lumière et mouvement.
Au premier étage, l’eau, porteuse de vie, suggère la végétation et la floraison dans un véritable Jardin d’Éden terrestre qui accueille le visiteur. Des fleurs jaillissent d’un robinet, d’autres sont flamboyantes et même amoureuses. Des terrasses luxuriantes baignent dans la lumière du couchant et des créations végétales imaginaires envahissent l’espace. L’exposition, parsemée de propositions essentielles, rappelle que les actions simples peuvent avoir un impact significatif dans notre vie.
Poursuivant la visite, l’eau devient mémoire et métamorphose, reliant rivière, mer et océan. Des échantillons des mers dessinent la ligne d’horizon et des paysages éclos d’un geste nous invitent à un dialogue méditatif.
Au dernier étage, les œuvres interrogent la temporalité et la fragilité des cycles naturels. Une installation vidéo évoque la maison comme symbole de l’impermanence face aux forces naturelles. Une cascade jaillit, sonore et poétique, enveloppant le visiteur et le transportant au cœur même du cycle aquatique, là où la rivière prend sa source, rappelant l'origine de toute chose.
Depuis les années 1960, les artistes expriment leurs inquiétudes face à la dégradation de l’environnement. Ces préoccupations, déjà vives à l’époque, résonnent aujourd’hui avec une urgence encore plus grande, à l’ère de cette époque géologique où les hommes sont devenus la principale force de changement sur Terre.
Chaque artiste pose son regard unique sur l'inconscience humaine face à la nature, en opposition à un regard unilatéral souvent proposé par la société. Certains adoptent une approche politique et critique, lançant de véritables cris d’alarme. D’autres préfèrent explorer une voie plus introspective, nous invitant à regarder la nature autrement, à renouer avec notre intuition et notre propre essence, réveillant une conscience ancestrale de notre lien.
L’exposition Sous nos pas, les rivières n’est pas simplement un parcours artistique, qui parle à travers des médiums variés de la fragilité des écosystèmes. C’est aussi une exposition qui nous appelle à nous reconnecter à nos racines, à réévaluer notre lien avec le vivant et à comprendre que chaque geste compte dans la préservation de la Terre.
Dans ce lieu chargé d’histoire, où s'entrelacent la culture et la beauté des reliefs au son du chant des rivières, Sous nos pas, les rivières se veut une proposition d’éveil. Plus qu’une simple exposition, c’est une invitation à marcher, gravir, regarder, ressentir et laisser s’ouvrir de nouvelles voies — ou redécouvrir d’anciens chemins ancestraux — pour atteindre une résonance entre l’humain et l’environnement.