Florian Pugnaire porte une attention particulière à la notion d’atelier comme lieu de la pratique, mais aussi comme lieu de fiction, un entre-deux où la finalité du travail n’est pas encore définie et où tout peut encore être inventé ou modifié. À travers une pratique personnelle ou collaborative (avec David Raffini), il manifeste un intérêt pour le processus de fabrication et de création, et situe son travail dans un espace intermédiaire entre l’atelier et le lieu de l’exposition.
Il travaille sur le matériau, le temps et l’espace contenu dans l’acte de création. En cela, il rejoint Robert Morris, qui – en rejet avec la pensée greenbergienne – refusait en 1970 de voir l’œuvre comme un objet atemporel, achevé, et dont on ferait une expérience uniquement optique : « Je pense que, dans le passé (…), de tels efforts [le processus de création – ndlr] ont été considérés comme une suite non-systématisée de faits techniques, anecdotiques ou biographiques, sans rapport avec la véritable « œuvre », plaquée comme un dépôt intemporel et gelé sur le papier tue-mouches de la culture. 1 »
Au travers d’un champ de références culturelles tournant autour des arts martiaux (L.E.W.Q , Shadow Boxing, Stunt Lab), de l’automobile (Dyane +, Expanded Crash) et de l’univers du chantier, (In Fine, Meurtrières), Florian Pugnaire produit des allers-retours constants entre sculpture et vidéo : « Ces raccords entre film et sculpture puis entre sculpture et récit, faisant intervenir le facteur temps et convoquant l’image, constituent les données essentielles des travaux personnels de Florian Pugnaire (le récent Stunt Lab, film de combat choérégraphiant la destruction d’un décor, projeté avec à ses côtés la compression de ce dernier, offre un exemple très immédiat de ces combinaisons. 2 »
Pauline Thyss
Expositions principales à la galerie :
2019 Fahrenheit 134, Galerie Ceysson & Bénétière, Paris
2018 Show Me, L'étrangère, Londres
2018 Ressac, Le Portique, Le Havre
2018 Artbrussels, solo Pugnaire et Raffini, Galerie Ceysson et Benetiere
2016 Pugnaire et Raffini, exposition du Prix Fondation d’Entreprise Ricard, Centre Georges Pompidou, Paris
2016 Mechanical stress, Galerie Eva Vautier, Nice
2016 Show me, Galerie Torri, Paris
2014 Le coefficient de Poisson, Patio de la Maison rouge, Paris
2013 Chjami Rispondi, Galerie TORRI, Paris
2013 Matières- Temps, Centre d’Art Contemporain Les églises, Chelles
2013 Energie sombre, Musée National Picasso, Vallauris
2013 Fondre, battre, briser, Pavillon Blanc, centre d’art de la ville de Colomiers
2012 III, Centre Una Volta, Bastia, Corse
2011 Glissements, Le Dojo, Nice
2011 Berlin Paris 2011, Galerie Carlier - Gebauer, Berlin, Allemagne
2010 Hors Gabarit, Galerie TORRI, Paris
2010 In Fine, Palais de Tokyo, Paris
2010 Shadow Boxing, RDF Galerie, Nice
2009 Expanded-Crash, Centre National d’Art Contemporain de la Villa Arson, Nice
2009 Expanded-Crash, Module 2, Palais de Tokyo, Paris
2019 Artbrussels, Galerie Ceysson & Bénétière, Bruxelles
2019 30 ans pile, Galerie Papillon, Paris
2019 Mutatio, programme Fiac, garage Amelot, Paris
2019 OVNI, Hotel Winsor, Nice
2019 OVNISéoul, EWHA université, Séoul, Corée
2018 Scar / Face, Galerie Ceysson & Bénétière, Paris
2018 Kanal - Centre Pompidou, anciens locaux Citroën, Bruxelles
2018 Précipité, Atelier de Jette, Bruxelles
2018 Dawing now, Paris (galerie Eva Vautier)
2017 FIAC hors les murs, galerie Ceysson et Benetière, jardin des Tuileries, Paris
2017 Artbrussels, Galerie Ceysson et Benetière, Bruxelles
2016 Sculptures, matières, matériaux, textures, Galerie Ceysson et Benetière, Foetz, Luxembourg
2015 Sphère, Galleria Continua, Les Moulins, Boissy-le-Châtel
2015 L’ordre des lucioles, Fondation d’entreprise Ricard, Paris
2015 GAS Station, Gagliardi Art System Gallery, Turin, Italie
2015 Artbrussels 2015, stand TORRI, Bruxelles, Belgique
2015 Chercher le Garçon, MAC VAL, Vitry sur Seine
2015 Énergie sombre, Artemovendo, Porto Alegre, Brésil
2015 Énergie sombre, ArtVilnius, Vilnius, Lituanie
2015 Énergie sombre, Athens Digital Arts festival, Athènes, Grèce
2015 Videonale 15, Bonn, Allemagne
2015 Collective collection volet III, Le BBB centre d’art, Toulouse
2014 Shit and Die, Palazzo Cavour, Turin, Italie
2014 Energie Sombre, Biennale de Belleville, Paris
2014 J’écris donc je suis - Ben et La Station, le Garage, Brive
2013 Saison 17 - La Station à Lieu Commun, Lieu Commun, Toulouse
2013 Boîte en valise, Institut Français, Exposition itinérante
2013 Sans matières ajoutées, CNEAI, Chatou
2013 Entrée libre mais non obligatoire, CNAC Villa Arson, Nice
2013 Réinventer le monde - exposition du Frac Acquitaine, Sala Rekalde, Bilbao, Espagne
2012 Impressions d’Ateliers, Galerie Maud Barral, Nice, France
2012 First Shanghai Sculpture Project, Shanghai Art Institute, Chine
2012 Matières grises, Lieu commun, Toulouse
2012 Sunshine and Precipitation - exposition de La Station, Catalyst Arts, Belfast, Irlande
2012 Texture - Material (Berlin Paris 2012), KLEMM’S Gallery, Berlin, Allemagne
2012 Les feux de l’amour, FRAC Aquitaine, Bordeaux
2012 Paper, Galerie du MAMAC, Nice
2012 New Abstract generation, Le Box, Fonds M-ARCO, Marseille, France
2011 La fabrique sonore, Domaine Pommery, Reims
2011 FIAC 2011 - stand TORRI, Grand Palais, Paris
2011 Art-o-rama, Friche Belle de Mai, Marseille
2011 Focus, Parcours associé de la Biennale de Lyon, Vienne (France)
2011 Programme video, Module 1 du Palais de Tokyo, Paris
2011 Collectionneurs en situation, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux
2011 La Sculpture autrement, Ecoparc, Mougins
2011 Que sera, sera... La Station au CAN, CAN, Neuchâtel, Suisse
2011 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blanc, Frac Aquitaine, Bordeaux
2010 Auto – Station, La Station, Nice
2010 Dynasty, Palais de Tokyo et Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris
2010 Reset, Fondation d’entreprise Ricard, Paris
2009 Kit invite n°2, Paris
2009 Group show, RDF Galerie, Nice
2009 Points, lignes et plans-séquences, Galerie des musées, Toulon
2009 II, RDF Galerie, Nice
2008 Home Cinema, Trafic, Lausanne, Suisse
2008 Panorama 9-10, Le Fresnoy, Tourcoing
2008 Accidents de parcours, Performance, Corte, Corse
2007 Temps d’images, La ferme du Buisson, Noisiel
2007 Panorama 8, Le Fresnoy, Tourcoing
2016 Fahrenheit Foundation By Flax, Los Angeles, États-Unis
2009 Cité Internationale des Arts, Paris
2009 Synagogue de Delme
2006-2008 Le Fresnoy, Studio National des Arts contemporains, Tourcoing
2001-2006 Villa Arson, Nice
2015 Prix Fondation d’Entreprise Ricard
2015 Vidéonale Audience Award, Videonale 15, Bonn, Allemagne
2014 Prix des Amis de la Maison Rouge, Paris
2013 Prix expérience 2013, festival c’est trop court, Cinéma Rialto, Nice
Biographie
Florent Pugnaire né en 1988 à Nice.
Il vit et travaille entre Paris et Nice.
MECHANICAL STRESS / Exposition personnelle de Florian Pugnaire /
Galerie Eva Vautier, Nice / du 24/09 au 26/11/2016 / Vernissage le vendredi 23 septembre à 18 :00
À l’occasion de sa première exposition personnelle chez Eva Vautier, Florian Pugnaire présente une dizaine de sculptures inédites ainsi qu’Agôn, vidéo réalisée en 2016. Diplômé en 2006 de la Villa Arson (Nice), Florian Pugnaire a ensuite poursuivi ses études au Fresnoy (Tourcoing). En parallèle de sa pratique personnelle, il travaille en duo avec David Raffini depuis 2008. Il est résident de La Station (Nice) depuis 2010.
Des allers-retours constants entre sculpture, cinéma et vidéo constituent les principes fondamentaux de sa pratique : les médiums s’y croisent, s’interrogent et se répondent autour de la notion de work in progress. Convoquant les univers de l’atelier et du chantier, Florian Pugnaire s’intéresse aux opérations constitutives de la fabrication.
Utilisant des matériaux traditionnellement employés dans la construction (plaques de plâtre, tôle, plomb), il s’intéresse à leurs propriétés physiques, leur résilience, leur rémanence… que l’on mesure grâce à la contrainte mécanique, ou mechanical stress. Cette notion, utilisée en sciences des matériaux, évalue la capacité élastique et plastique d’un élément à absorber des effets de torsion, de tension ou de pression. Florian Pugnaire s’appuie sur certaines spécificités – la souplesse du plomb, la résistance du métal, la fragilité des plaques de plâtre – auxquelles il impose une force de travail pouvant parfois mener les matériaux jusqu’à leur point de rupture. Pour cela, l’artiste fait appel à des outils mécaniques comme des sangles, des treuils, des palans et des vérins hydrauliques qui font parfois partie intégrante de l’œuvre. Cet outillage est détourné de son application ordinaire pour opérer des contraintes et des déformations, créant un vocabulaire plastique dont l’esthétique industrielle, ici tourmentée, tend vers l’effondrement, la ruine, la dégradation... Les œuvres de Florian Pugnaire seraient des vestiges du combat qu’il mène avec la matière, car il considère l’atelier comme le lieu où il s’exerce à la bataille de l’art : il y affronte les éléments dans une lutte où chaque round éprouve leurs capacités physiques respectives. Son approche de la sculpture est donc fondamentalement définie par une dimension performative, caractérisée par l’action et l’implication du corps. En cela ses sculptures sont des œuvres haptiques : le toucher et la perception de soi dans l’environnement sont au centre de son processus. Si dans sa pratique en duo avec David Raffini, il explore le champ sculptural via des installations monumentales ou des « œuvres-événements », il produit individuellement des œuvres à échelle plus humaine. La question du processus est toutefois au centre de ces deux pratiques, que nous pourrions nommer action-sculpture : tout comme dans l’action-painting, le geste est ici plus important que le résultat. (…)
Dès sa troisième année d’études à la Villa Arson, Florian Pugnaire a documenté ses gestes sous forme de films. Tout d’abord pensées comme des archives, ces vidéos se sont rapidement affranchies de ce statut pour devenir des œuvres à part entière. Les problématiques qu’il aborde dans ses vidéos sont les mêmes qu’en sculpture : il y interroge les procédés de fabrication de l’œuvre en mettant en scène des contraintes, des transformations, des destructions… On y retrouve une esthétique du chantier et de l’atelier ainsi qu’un même vocabulaire plastique (le métal, le plâtre, les palans, les sangles…). Mais, en dévoilant la phase processuelle dans la durée et non plus seulement dans l’espace, Florian Pugnaire la transforme en une expérience fictionnelle. Ici, la narrativité de l’œuvre ne repose pas seulement sur l’entropie de la matière et sur le geste car l’image en mouvement induit une temporalité per se. Souvent accompagnées d’installations issues du décor du film, ses vidéos questionnent de manière complexe le temps créatif en le distordant : analepses et prolepses se chevauchent, brouillant la linéarité du récit ; le travail se renouvelle continuellement entre construction, destruction et reconstitution. S’il s’attache dans ses premières œuvres vidéos à archiver l’activation d’une sculpture processuelle, Florian Pugnaire autonomise rapidement le geste pour produire des mouvements semblant induits par le processus lui-même, sans intervention humaine. Se déroulant dans des espaces indéterminés, entre la friche, l’atelier et le white cube, ses vidéos déroulent le geste processuel pour créer des réactions en chaîne : le décor s’autodétruit et les matériaux deviennent acteurs de catastrophes pyrotechniques et mécaniques spectaculaires. Et lorsque le corps revient en jeu, comme dans Stunt Lab (2009) ou Agôn (2016), il semble subir cette même force extraordinaire : les gestes sont destructeurs ; les organismes sont aussi maltraités que les matériaux qui les entourent.
Extraits d’un texte de Pauline Thyss écrit pour l’exposition Mechanical Stress, 2016.
Rêver le ciel et l’eau
par Tanja Stojanov, 2021
Documentation externe
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